Pour son exposition inaugurale, la galerie Bwo a le plaisir de présenter The Defiant Ones (Les Défiant.e.s), la première exposition individuelle de Sesse Elangwe dans son pays d'origine, le Cameroun. Elangwe, artiste autodidacte basé à San Antonio (Texas, États-Unis), crée des portraits désarmants et exaltants de sujets noirs en explorant des thèmes liés au développement personnel et à l'autonomisation au sein des communautés noires. L'exposition The Defiant Ones, qui ouvre ses portes le 2 septembre, sera visible jusqu'au 23 septembre 2023.
Dans le contexte de cette exposition, le mot défiance symbolise l'aboutissement d'expériences et l'arrivée à un point de réalisation interne où il devient nécessaire d'identifier, puis de démanteler les barrières au développement personnel et à la réussite. Pour explorer cette notion, Elangwe utilise la figuration d'abord comme un moyen de documenter la vie des Noirs à différents stades de l'existence humaine, et en fin de compte comme un moyen d'élever les communautés auxquelles il appartient au Cameroun et aux États-Unis.
La série d'œuvres d'Elangwe s'inspire de ses rencontres personnelles de différents espaces, histoires et cultures. Après avoir écouté la première chanson de Nina Simone sur les droits civiques, "Mississippi Goddam" (1963), Elangwe s'est senti encouragé à se pencher sur sa propre histoire et sa propre vie avant son départ pour les États-Unis en 2021. Forcé de fuir son pays d'origine en raison de la crise civile ravageuse qui affecte les régions anglophones du Cameroun où il était basé, les nouvelles peintures d'Elangwe racontent divers spectres de la vie Noire, de la précarité à la survie en passant par l'amour, le tout se situant dans la ville de Buea, au Cameroun. Les sujets de l'artiste sont des personnes de tous les jours représentées dans des portraits dignes et provocants, qui contribuent à amplifier la représentation des figures noires et à les insérer dans les canons de l'histoire de l'art.
Dans son livre "A Black Gaze : Artists Changing How We See" (2021), Tina Campt définit le regard noir comme "un regard qui met mal à l'aise, qui aspire et qui défie". Alors que la simplicité des scènes peut sembler insignifiante, le regard direct des personnages, avec les yeux asymétriques désormais signature de l'artiste, encourage les spectateurs à se rapprocher de cette réalité partagée et s’y projeter. Elles encouragent la contemplation et invitent à l'introspection, comme une lueur d'espoir. La peau noire de ses protagonistes contraste fortement avec les autres couleurs vibrantes qu'il utilise, contribuant à accentuer la gravité perçue des sujets de l'artiste. Cette pigmentation définit la limite de leurs corps, un fil conducteur dans le travail de l'artiste, mais aussi une frontière à travers laquelle la contextualisation est importante. Les vêtements et l'environnement qui accompagnent les personnages incarnent la matérialité changeante dans laquelle évoluent ces corps.
En empruntant les termes de Nietzsche pour interpréter le message de l'artiste, on est frappé par l'équilibre entre la force et le calme incarné par ses figures qui représentent une réinterprétation contemporaine de l'Übermensch, être terrestre à la fois compatissant et implacable. Les compositions humbles et neutres permettent une lecture objective de la situation : donner du pouvoir et une voix aux personnes sous-représentées, aux gens de tous les jours. Concerné par les enjeux raciaux, l'artiste s'interroge sur la lutte contre les normes sociétales en se penchant sur les raisons de l'existence des structures et sur la manière de prospérer dans ces conditions contraignantes.